LHarmonique Des Corps.
1990, cest ma troisième années aux beaux-arts. Un choix débile de ma part ma fait prendre dans mes études une orientation que je finirai pas regretter. Que je finirai! Car sur le coup, je nai pas lhonnêteté de me rendre à lévidence et passe mon temps non seulement à me morfondre mais surtout à me mentir, au grand désarroi de mes amis qui ne savent plus vraiment comment me prendre.
De plus, peu de temps avant cette nouvelle décennie, ma petite amie avait décidé, en complet accord avec elle-même, de mettre fin à notre relation.
Motif: Trop chiant, trop exigent. Elle aurait pu aussi ajouter ; prétentieux, hautain, ptit con, gros con, lourd, pesant et jen passe.
Dentrée de jeu donc, cette année semblait me glisser entre les doigts. Un projet commun qui passe à la trappe pour dobscures raisons, mon groupe damis qui se scinde et, surtout, cette orientation qui créé une rupture avec mes deux premières années pendant lesquelles tout navait été quun long fleuve tranquille, riche de rencontre et dexpériences.
Là, tout me paraissaient incertain, voir inquiétant.
Je finissais 1989 par un réveillon pathétique, seul, dans mon f1 en centre-ville.
Accompagné dune bouteille de vodka et de jus dorange, je comptais menivrer avant de sortir en ville dans lespoir de me mêler à la foule, dattr un train.
Il y avait bien du monde à minuit sur la place dErlon, mais personne avec qui repartir.
En désespoir de cause, je tentais de communiquer avec un clochard que je croisais sur ma route, mais peine perdue. Je ne comprenais quun mot sur dix qui sortait de sa bouche encore plus aviné que la mienne.
Dépité devant ce manque de compassion de la part de mes concitoyens, je rentrais chez moi en zigzaguant pour enterrer les années 80 et espérer le meilleur pour la suite.
Des mois qui suivirent, jai très peu de bons souvenirs. Je me revois surtout tirant la gueule dans mon appart en compagnie de mes potes.
Je traîne ma peine comme un boulet et ne me remets pas de ma rupture. Cette plaie à vif en masque dautres plus sournoises et plus profondes.
Et puis, le printemps.
Cest en cour de croquis que japerçois Sophie pour la première fois, à quelques mètres de moi, planqué derrière un carton à dessin trop grand pour elle. Elle a le sourire timide et une légère pointe de tristesse dans le regard. Brune, les cheveux longs, elle mesure 1,50m tout juste et shabille de vêtements amples qui ne permettent pas de se faire une idée de sa silhouette. Mais peu mimporte. Son langage corps minterpelle, me séduit.
A quelques mètres de moi seulement. Si proche et si loin à la fois. Je ne sais pas comment laborder, et avant la fin du cour, je me résigne déjà à loublier.
Et puis, quelques jours plus tard, la chance me sourit. Cest la fin de journée, et sur les marches du hall dentrée, elle est là, assise à côté dune fille de ma classe que je connais à peine et avec qui elle discute. Jen profite et tape lincruste.
Je nen reviens pas, ça marche, elle me sourit, et je sens que le plus dur est fait. Alors je menhardis et linvite à boire un verre dans le trocson du coin où lon fait plus ample connaissance.
Elle est en première année et travaille certains soirs dans une station-service du côté de lavenue de Laon. Elle est Auboise, habite dans un appartement, possède une voiture et, hélas, a un mec. Mais sans quelle le dise ouvertement, je comprends quentre eux ce nest plus vraiment ça. Et puis surtout, il ne fait aucun doute que nous nous plaisons mutuellement.
Je ne saurais dire précisément combien de temps sest écoulé entre ce premier contact et notre premier baisé. Mais ce fut rapide, peut-être moins dune semaine.
Un soir, nous sortons, avec mon groupe damis boire un pot place dErlon.
Quand nous quittons le café, il fait encore jours et nous avons décidé daller faire un tour au parc Léo. Je sors le dernier en compagnie de Sophie. Je laisse les autres prendre un peu davance et je la prends dans mes bras. Elle savait que cela allait arriver. Depuis notre rencontre, nous sommes toujours à proximité lun de lautre naturellement. Au moment de sortir, elle est auprès de moi, pas devant, pas avec les autres. Et quand elle me voit lui faire face, elle sait.
Je lentends murmurer ; «non, il ne faut pas». Une vaine prière, un commandement obsolète dont je ne tiens pas compte. Elle affiche une résistance de façade que trahit son corps en se blottissant contre le mien.
Je lui réponds; «je ny peux rien, cest plus fort que moi». Et cest vrai que je ny peux rien. En fait, nos corps parlent pour nous et précèdent notre raison, cest aussi simple que ça.
Le baisé qui suit est sans aucune retenue. Un baisé dune parfaite harmonie dans lequel notre désir résonne déjà. Et cette sensation de se reconnaitre en lautre
Mes potes se sont arrêté à bonne distance et nous attendent en observant la scène, le sourire aux lèvres. Nous les rejoignons, main dans la main, impatient.
Au parc Léo, nous passons la soirée collé lun à lautre pendant que mes potes discutent, courent, font les cons. Il ny a pas grand monde à proximité et nous squattons une aire de jeux pour gosses. Avec la lumière qui décline, notre contact est de plus en plus étroit, de plus en plus sensuel.
« Je fonds » me susurre-t-elle. Sa voix soupire, son souffle chaud, son corps qui se love contre le mien, et cette complicité innée mélectrisent. Je navais jamais connu ça auparavant.
Nous ne sommes même pas presser de nous retrouver seul. Nous sommes bien, et le temps ne compte plus. Sauf pour mes potes qui de temps en temps se rappellent à nous, lassés de tenir la chandelle.
Nous ne sommes pas pressé, mais le temps passe malgré tout et lheure de rentrer, de passer à demain, se rappelle à nous. Nous sommes venus au parc avec deux voitures, et comme Laurent nous avait rejoints juste avant en vélo, pour ne pas le laisser en arrière, nous avions chargé sa bécane dans le coffre de Sophie. Mais, au moment de repartir, il préfère se faire reconduire par les autres et me demande de prendre son vélo chez moi jusquau lendemain.
Pas de problème ! Dans mon esprit, cest une occasion de passer encore un peu plus de temps avec elle. Comme si nous avions besoin dun prétexte pour être ensemble.
Elle se gare devant chez moi. Je décharge le vélo et nous voilà sans obligations. Pendant quelques seconds, nous restons silencieux à nous regarder. Nous pourrions dire ce qui nous brule les lèvres mais non, nous restons suspendus. Alors je me lance dans le classique.
« Tu veux monter boire un café ? »
« Oui » me répond-elle soulagé.
Jhabite en centre-ville mais mon appart ne paye pas de mine. Une pièce, une cuisine, les WC sur le palier et pas de salle de bain. Je le partage avec mon frangin qui nest pas souvent là.
Dans la pièce principal ; un canapé dépliant, un lit une place au ras du sol, un bureau, une armoire en contreplaqué et une table de salon bancale que mon frère a fabriqué.
Alors que je mapprête à faire le café, elle me dit quelle nen veut pas, que tout ce quelle voulait cétait que je linvite à monter.
Je lentraîne sur le petit lit et nous recommençons à nous embrasser. Il ny a plus rien pour nous arrêter. Cest alors quelle me confit que sexuellement elle est un peu coincé.
Jentends les mots mais comment y croire après ce qui sest passé au parc ?
Dans mon cerveau, ça va vite. Je suis partagé entre «dommage» et «cest bien quelle me le dise» puis, je fini par lui dire que ce nest pas grave pour moi. En vérité, je men fou en cet instant. Je me sens bien avec elle cest tout ce qui compte. Cette révélation ne mentrave pas une seconde. Je ne calcule pas, je me laisse guider par le moment et cest pareil pour elle.
Mes lèvres se perdent dans son cou tendu pendant que ma main cherche louverture sous ses
vêtements.
La chaleur de sa peau. Son ventre. Je remonte vers ses cotes et mes doigts rencontre son soutient gorge. Je bifurque, passe dans son dos, cherche les agrafes. Rien!
Ça la fait rire.
«Cest quoi se délire?»
«Cest par devant que ça se passe» me répond-elle.
Je relève petite laine et T-shirt et marrête devant ses seins. Sa poitrine est généreuse, un pur bonheur. Je dégrafe son soutif et la libère.
Je lembrasse à nouveau pendant que ma main saisit son sein gauche. Puis ma bouche remplace ma main qui descend dun cran. Les cotes, le ventre. Ma bouche suit. Je glisse le long de son corps que je respire. Sur son ventre, son nombril, sa ceinture.
La ceinture, cest le Rubicon. Au-delà, ce nest plus de la peau que lon investit, cest de la chair.
Ce sont des instants qui marquent.
Défaire le bouton. Descendre le zip de la fermeture éclair.
Poser ses lèvres sur son bas ventre. Baisser lélastique de sa culotte jusquà lapparition de ses premiers poils pubiens, noirs. Respirer son parfum. Livresse qui rend fébrile, accélère le rythme cardiaque.
Je me redresse, ôte ses chaussures et fais glisser son pantalon et sa culotte dun coup, sans trop de ménagement.
Jouvre ses jambes en repliant ses genoux et je reste suspendu un instant devant cette soudaine impudeur.
Mes mains sur ses genoux convergent alors vers son sexe, et lorsquelles se rejoignent, jécarte ses grandes lèvres et ma bouche embrasse sa chair.
Le premier contact est toujours électrique. Il nous trahit. Sa chatte est comme un fruit juteux et mexplose en bouche. Je men régale sans retenues. Elle se cabre puis ondule sous ma langue, je lentends respirer plus fort, perdre le contrôle. Je sens ses mains sur ma tête, dans mes cheveux, me pressant un peu plus, alors jenfonce ma langue dans son vagin, le plus loin possible.
Puis, dans un souffle, elle me dit «viens». Je me libère à mon tour et minstalle entre ses jambes. Ma queue semble trouver son chemin toute seule et je me retrouve au fond delle avec une facilité déconcertante. Jaurai aimé prendre mon temps, savourer cette première
pénétration, mais quelque chose danimal cest emparé de nous et nous subissons.
Pendant que je la pénètre, elle membrasse à pleine bouche. Ma bouche pleine de sa mouille ne semble pas la rebuter. Bien au contraire, nous partageons la saveur de sa chatte au travers de ce baiser.
Elle me sert plus fort contre elle. Ses mains descendent, agrippent mes fesses et accompagnent, encouragent mes coups de reins. Jai la tête dans son cou. Je lentends gémir, je la sens gémir. Son souffle chaud dans mon oreille est une caresse terrible qui mélectrise, me brule, et lorsque dans un soupir elle me dit « je jouis », jexplose.
Il me faut quelques minutes pour que la vague démotion ce dissipe. Une vague qui ma fait monter les larmes aux yeux que je veux lui dissimuler. Alors je reste en sécurité, blottit dans ses bras qui menlacent toujours.
Je navais jamais fait lamour comme ça. Pas avec cette intensité, ni avec cette complicité. Jusquà cet instant, je navais quune vision, dirons-nous, grivoise voir salace du sexe. Le sexe comme moyen de plaisir et daffirmation machiste, laissant mes sentiments au vestiaire et refoulant mes émotions.
Pour la première fois, je me sentais sexuellement à égalité avec une fille. Mes codes venaient de changer et jaimais ça. Elle aimait le sexe et aimait faire lamour, sans retenues. Et ça aussi cétait nouveau pour moi, cette honnêteté impudique.
Pourquoi mavait-elle dit quelle était un peu coincée? Par ce quelle létait. Mais dans son couple. Elle me raconta, plus tard, comment elle expédiait son mec pour abréger quand il lui faisait lamour. Le saisissant par la queue quand il était entre ses jambes pour le faire jouir plus vite.
Ce qui cétait passé entre nous était nouveau aussi pour elle. Et de la lécher comme je lai fait pour notre première fois, a contribué à changer la donne.
Jétais assez fier de moi sur ce coup. Mais quel mérite en vrai? Facile dêtre lamant. Surtout la première fois. Tout est nouveau et reste à faire. Pas le poids du passé pour nous encombrer, ni même celui de lavenir. Tout se passe dans linstant. Tout reste à écrire.
Alors oui, cétait facile. Divinement facile.
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!